Et ça y est, je recommence déjà avec mon "pas d'excuses". Je sens qu'une petite rubrique sympathoche pointe doucement le bout de son nez...
Je ne vais pas arrêter pour autant les recettes un peu plus "techniques", mais je reconnais qu'un bouillon de crevettes grises, tartare de langoustines et zestes de pamplemousse blanchis 7 fois ne s'improvise pas comme ça, entre le bain des enfants et "N'oubliez pas les paroles".
Alors qu'une bonne soupe de potimarron, ma foi, y'a pas de raisons!
Je n'ai rien inventé, les produits de saison vont souvent bien ensembles. Surtout en automne, le côté terreux s'exalte, il devient rassurant, fait la nique à la fraîcheur estivale, aux salades, barbecue et rosé glace.
La gamelle automnale, c'est l'appel de la forêt qui se dévêt doucement, la fraîcheur moite des sous-bois, le feu de cheminée, la peau de bête et le reste...
La campagne en cette saison est heureuse, bien plus qu'en ville où tout devient chiant, gris, sombre.
Elle est dans l'imaginaire de tous. Rentrer du bûcher sous une légère bruine à la nuit tombante, raviver le feu en séchant ses chaussettes à la flamme, les joues rosies, la goutte au bout du nez. Faire une incision à l'Opinel sur les quelques châtaignes ramassées en même temps que girolles, cèpes et trompettes. Le temps de sécher elles sont cuites. Elles crament et noircissent le bout des doigts mais on s'en fout, ça fait partie du truc.
l'Apéro est chaleureux, le bon gros sifflard campagnard à toute sa place, pourvu qu'il y ai un peu de fromage de tête, du jambon persillé, un brin de moutarde, une ribambelle de cornichons et pourquoi pas quelques girolles au vinaigre si la saison a été bonne. Le gorgeon de rouge se la joue gouleyant, plus structuré qu'il y a 2 mois, il sied parfaitement à l'occasion et c'est justement l'occasion de rappeler qu'un verre c'est bien mais qu'un magnum c'est mieux! Allez zou!
Tant qu'on est à la cambrousse, on va se taper la soupe "aux champs" avec les potimarrons de mémé. Pas besoin de se compliquer la vie, une bonne soupe de potimarron, c'est beaucoup d'oignons compotés légèrement au beurre en fond de casserole (genre 4 en lamelles pour 2-3 petits potimarrons). Le potimarron avec la peau, vidé de son intérieur et coupé en cubes doit rejoindre les oignons avant d'être noyé par un bon bouillon de volaille.
Une fois que le potimarron est bien mollasson, il faut réserver une partie du bouillon de cuisson, mixer le reste puis assouplir doucement avec le bouillon et du lait, arrêter quand la consistance est à votre convenance. Bien poivrer puis saler au goût.
Puisqu'on est "aux champs", on va faire avec le panier de tout à l'heure. Il reste quelques châtaignes grillées, on va poêler quelques champipis et voilà, le tour est joué!
La soupe de potimarron vient lécher les champignons (trompettes, girolles et chanterelles pour moi ce week end) puis de la châtaigne bien grillée est émiettée dessus, bonheur.
A la ville, on prend un morceau de bon bleu d’Auvergne (ou de Roquefort pour les plus téméraires) et une tranche de pain de mie.
Pour le pain de mie, il faut bien aplatir la tranche et y découper de petits dés qui feront de délicieux croûtons une fois revenus dans une grosse noix de beurre. Le frometon, à l'arrache en gros morceaux ou revenu avec de la crème et mixé c'est selon.
Personnellement, j'aime bien en gros morceaux fondants, c'est certes moins distingué mais ô combien plus gourmand.
Aux champs ou à la ville en fait on fait ce qu'on veut. J'étais parti là-dessus et ça m'emmerdais de repartir à zéro alors j'ai persévéré. Mais évidemment qu'on a le droit de manger du frometon aux champs et des châtaignes à la ville... aie aie aie, ce que j’écris frôle la débilité, je vous laisse, bye bye!