750 grammes
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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 20:53

Ces écrits datent un peu, mais je les aime bien alors j'ai décidé de les publier aujourd'hui, j'espère qu'ils vous plairont au moins un peu ;)

C'est un article (plus très) récent (maintenant) de Franck Pinay-Rabaroust sur Atabula qui m'a donné envie de m'exprimer sur ce vaste sujet. On y lit notamment que les plats qui évoquent le plus l'enfance chez les personnes interrogées sont la saucisse purée pour 29%, le gratin de jambon coquillettes (24% qui ont gardé en tête le recyclage des pâtes de la veille en gratin…), le steak haché haricots verts (11%) et les oeufs cocotte (8%).
Il n'est pas dit si ces "chefs d'oeuvre" sont juste une évocation ou de réels souvenirs culinaires enchanteurs chez les sondés…
Il n'en demeure pas moins que l'élément important n'est pas là mais dans ce terme: "supplément d'âme". C'est ce que je m'emplois le plus à partager, à faire comprendre, le bonheur ne réside pas dans le dressage millimétré d'une fiche technique mais dans la bouchée qui va bientôt se déposer dans votre bouche, ouvrez les lèvres, vous sentez? elle arrive…
Et celle-là, elle peut aussi bien se trouver dans un restal culminant au World best restaurant, que chez Georgette, le PMU au coin de la rue.
Si vous saviez le nombres de Ficelles Picardes, binouses qu'on a pu se taper avec les copains au Lutetia (justement PMU), quartier Saint Leu, proche fac de droit, Amiens 80. A laper jusqu'à la dernière goutte la crème gratinée sur les bords, à racler le fond avec un quignon de pain jusqu'à y laisser des traces de mie! A se dire, "'tain si on s'en tapait une autre tournée!". C'était notre petit bonheur, les autres allaient au U, à la cafette, se taper un kebab, un Quick.
Mais nous, le cul posé sur les grosses banquettes en skaï du Lutetia, nous étions heureux de savoir qu'entre Droit administratif et TD de pénal (comprendre entre session skate et répét) nous allions nous prendre un bon orgasme buccal requinquant!
Et quand on sort d'un déjeuner, le diner n'est jamais très loin, heureusement.
A la même époque, le jeudi, c'était le soir des Zinzins, mais aussi des sybarites…
La fac ne nous voyait pas trop ce jour là, vous vous en doutez. Le matin c'était les courses aux halles faites grâce à la CB du pater qui me la confiait pour faire le plein de frometons chez P Olivier, je faisais quelques écarts…
Le vin était assuré par le Flo, son père étant grand amateur et collectionneur de Bourgogne… il n'a jamais opposé de résistance au fait de ne pas savoir qu'il nous permettait d'arroser plus que correctement nos agapes du jeudi…
Merci encore, je garde de mémorables souvenirs de vieilles quilles de Chassagne-Montrachet, Gevrey Chambertin ou Chambolle Musigny!
Mes souvenirs à moi ne sont pas à base de coquillettes, enfin je ne crois pas, maman?
Nous en parlons souvent avec mes frères et soeurs, aujourd'hui les femmes ne cuisinent presque plus, flemme, tv facebook, métro boulot dodo allez savoir, tout est bon pour y couper, et la parité merde???
Et oui, la parité, il n'y a pas de raison, mais qu'aurons comme souvenirs nos enfants (enfin pas les miens) "hum tu te souviens de la poêlée campagnarde fleurie Michon que nous préparait papa? et le colin Igloo de maman…"
Maman? elle travaillait et avait 4 enfants. Nos souvenirs à nous, c'est sa blanquette de veau, Fix (mon frère) a parait il presque réussi à trouver aussi bon… Ses hors d'oeuvre toujours parfaitement assaisonnés, salade de concombre, mâche betterave oeuf échalotes, ses gratins de chou-fleur, ses endives au jambon, ses poireaux vinaigrette, ses lentilles etc etc…

L'enfance, les émotions culinaires et le fameux "supplément d'âme"!

Et pis chez nous il y a toujours eu parité. Le week end c'était le domaine du pater, mais lui c'était de la haute, c'était le foie gras, les produits, le dressage, les terrines, les jus, les sauces. Encore aujourd'hui, pour une béarnaise, j'appelle maman, un beurre blanc papa. Maintenant il leur arrive aussi de m'appeler… Un aboutissement.
Et la cuisine de ma grand-mère… La reine des ficelles picardes, de la truffade en galette, de tous les desserts du monde, de tous les plats du monde, une grande! Et c'était pour tout le monde pareil! Je me rappelle des bastons de cousins dans le Cantal pour chourrer les places des autres au déjeuner Ris de Veau… C'est que nous étions une tripotée, difficile de sustenter une quinzaine de bouches baveuses en même temps!
Ce sont les enfants qui expriment le mieux les choses, pas les "grands" qui s'en foutent. Ce n'est pas beaux une tripotée de chiards se battant pour avoir le droit à son écuelle de ris de veau? Moi je trouve que si. Surtout s'il est permis d'avoir un petit ballon de rouge…
"Il se perd un peu" pensez vous… un peu mais pas tant que ça. Car ce fameux supplément d'âme, je l'ai maintes et maintes fois connu, ce "P….. que c'est bon" à la première bouchée, le bonheur de la table, des mets, d'aimer!
Une saucisse purée tiens, l'un des plats cités. Ce peut être des chipolatas sous vide, ou pire des trucs Herta, accompagnées d'une bonne mousseline, ou alors, une bonne grosse saucisse de Toulouse, d'Auvergne ou d'ailleurs, dont on aura déglacé la poêle à l'eau pour avoir un bon petit jus qui viendra remplir le puit creusé dans la jolie purée faite de vraies patates, beurrée, crèmée, bonne quoi.
Ce supplément d'âme il est nulle part et partout à la fois. Dans ses délicieux raviolis vapeurs/frits maisons dégustés pour une poignée d'euros dans une petite cantine chinoise du 17ème, comme dans cette alliance de champignons de Paris, merlu, épinards et grosse sauce beurrée chez Arcane( Paris 18).
Mais il ne vient pas de nulle part, je revois encore le visage de Jean-Michel Carrette (les Terrasses à Tournus) me faire goûter un truc les yeux brillants, le sourire au lèvre pour conclure sur un "alors c'est pas bon ça, c'est pas un truc de fou…".
Les mêmes yeux brillants d'Hamid Miss (la Pente Douce, Toulouse) samedi dernier qui, passant délicatement sa main sur la face humide d'une grosse crapaudine tranchée me dit: "c'est pas beau ça…" avant d'en découper une belle tranche pour mon fils juste assaisonnée de fleur de sel et d'une belle huile d'olive.
Aimer, c'est ça le supplément d'âme, ce n'est pas savoir mais aimer. Combien de repas dans des gastros ou des bistrots ne valent même pas la peine d'être vécus?
Ce fameux supplément d'âme, il faut être capable de le faire ressortir, mais il faut aussi être capable de le ressentir sinon à quoi bon…

N'hésitez pas à donner votre interprétation de ce "supplément d'âme", votre vécu, car c'est là l'essence même... vivre.
 

 

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  • : Rod n Roll
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