Il fait toujours aussi froid dans Paris, il neigeotte et Adeline Grattard fume son clope, son écrin ne doit plus être très loin. Un peu de fumée, de la buée aux vitres et un cuistot qui joue du wok, c'est là, bonjour! Me voilà dans une salle ancienne, pierre apparente, décor zen/épuré, la banquette est confortable, réconfortante si l'on regarde dehors.
Pour les novices, sachez qu'Adeline Grattard fait partie des femmes chefs dont on parle. Prix Fooding de la meilleure cuisinière en 2010 et une étoile Michelin peu après l'ouverture. Passée chez
Pascal Barbot (l'Astrance) et Yannick Alleno après l'école Ferrandi et Flora Mikula, elle finit par partir en Asie pour bosser chez Alvin Lueng au Bo Innovation, Hong Kong. De son épopée
chinoise, elle reviendra empreinte des saveurs de là-bas avec son mari Chi Wa pour ouvrir leur petit boudoir dans le quartier des Halles. Il prendra le nom de ces restos où l'on vous sert des
vapeurs au chariot: Yam'Tcha.La première tasse de thé avalée et voilà une petite brioche vapeur au porc noir succulente en guise de préambule (je m'en serais bien tapé une autre pour tout vous dire), suivra un velouté
de cresson, oursin et citron caviar. Je ne suis pas fan d'oursin mais le cresson vient adoucir l'iode persistante de la bête, rendue ludique par les "plop" du citron caviar. Foie gras vapeur,
vermicelles, shiitake, champignons noirs émulsion shiitake: plat superbe, j'ai vraiment adoré, toutes les sensations sont là, une saveur de sous-bois chinois, le foie est à tomber,
remarquable.
Des langoustines sans histoires on passe à une barbue, bâtonnets de pommes de terre, moules sauce xo très bien réalisée c'est très bon. Le pigeon tenait bien la corde
lui aussi, simplement accompagné d'oignons sautés avec les sauces chinoises habituelles (soja, huître...). En guise de dessert un cheese-cake tout ce qu'il y a de cheese-cake...pâtasse et un très
bon sorbet/tuile.
Tout ça fut dégusté en accord mets et thés, une découverte assez intéressante quand on ne connaît les thés qu'à travers les Lapsang Souchon, darjeeling et autres thés
verts génériques. Distrayant de retrouver à tour de rôle un côté floral, minéral, forestier etc... Et même si je ne le referai pas forcément, je dois dire que ce fut curieux et amusant.
Globalement un bon moment chez Yam'Tcha que je ne réitérerai pas forcément.
Pourquoi? car ces petites choses, aussi bonnes puissent-elles être reviennent à 125 euros par personne (100 le menu, 125 avec le thé), ce n'est pas rien et le samedi midi, pas le choix (il y a un
menu à 60€ en semaine, cela demeure cher). Rajoutez à cela que si vous voulez de l'eau, elle n'existe pas à la source mais elle est filtrée gazeuse ou non à 2 euros par tête, et vas-y que je t'en
refous une couche... Pour exemple, 3 jours plus tard je dînais à Poitiers chez les Toix dans leur beau "Passions et Gourmandises" et ce soir-là, le menu tout truffe magnifique avec Turbot,
Saint-Jacques, Veau etccc... était à 104 euros...vous voyez le truc? Même si tout était bien, accueil sympa i tutti quanti, cela reste trop cher, 100€ c'est un prix. On dit souvent qu'il ne faut
pas faire de comparaison, c'est le grand truc et c'est sûr que là il vaut mieux éviter...
Yam'Tcha . 4 rue Sauval . Paris 1 . 01 40 26 08 07
www.yamtcha.com